Notre volonté est d’organiser une série de séminaires d‘interactions dont les deux premiers se tiendront en 2024 à Nice et à Bruxelles.
Lors de ces rencontres nous discuterons des différentes façons dont les mathématiques sont utilisées dans le pilotage de la transition (Bruxelles), dans la recherche en général et dans le domaine de l’impact et de l’intervention sociale (Nice).
SEMINAIRE D’INTERACTIONS
22 & 23 FÉVRIER 2024
NICE – FRANCE
Questions et perspectives sur l’usage des mathématiques et des sciences des données dans le champ de l’intervention sociale
Organisé par : CERSO – HETIS
CATEGORIES D’INTERVENANTS
chercheurs et académiques
institutions publiques
acteurs de terrain (associations…)
acteurs privés ou assimilés (mutuelles, compagnies d’assurances…)
Le champ de l’intervention sociale
englobe un large éventail de programmes et de services conçus pour améliorer la vie
des individus et des groupes sociaux. Les champs d’intervention sont très variés : la
pauvreté, le handicap, l’éducation, l’enfance, la dépendance, les addictions, etc.
Les mathématiques et plus largement les sciences des données sont des outils
puissants qui sont peu mobilisés dans les recherches sur les interventions sociales, et
les lieux de rencontres et d’échanges entre les acteurs et chercheurs de disciplines sont
peu nombreux.
Une des questions centrales aujourd’hui à notre sens : comment collecte-t-on les
données sur les interventions sociales et comment sont-elles analysées ?
Ces données peuvent inclure des informations sur les participants à l’intervention, les
services qu’ils ont reçus et les résultats de l’intervention. Il peut être difficile et délicat de
mesurer quantitativement la portée et l’impact de ces interventions. Cependant, la
science des données peut être mobilisée pour améliorer leur efficacité mais aussi
contribuer à une meilleure compréhension des phénomènes et des problématiques
sociales.
En proposant différents cadres pour la collecte, l’analyse et l’évaluation des données, les
chercheurs peuvent soutenir les acteurs professionnels (institutions, associations…)
pour concevoir, mettre en œuvre et réinterroger les modalités d’intervention.
Toutefois, l’ambition de « mettre en équation » ou encore de « modéliser » la société et
les pratiques d’intervention implique aussi d’interroger l’éthique des rapports entre
mathématiques et société.
OBJECTIF :
Créer de nouvelles interactions entre les différents corps « Sciences des données, philosophie, éthique, recherche en intervention sociale et acteurs de terrain » pour proposer des méthodes et scénarios qui mènent à une intervention plus efficace afin d’améliorer la vie des
individus en société Ce premier rendez-vous sera suivi par d’autres évènements organisés en France au sein du réseau CERSO (Lille, Nantes, La Réunion, etc.) et au niveau international (Bruxelles…).
A Nice nous nous concentrerons sur trois domaines spécifiques :
Quantification des problèmes sociaux
L’approche quantitative est historiquement peu mobilisée dans le champ du travail
social et de l’intervention sociale. En effet, elle est apparue dans les années 2000 par le
biais des logiques de l’évaluation et dans un contexte de diminution des finances
publiques et l’apparition de politiques gestionnaires. En conséquence, les acteurs du
champ tendent à associer les approches quantitatives à des logiques gestionnaire. Par
ailleurs, le travail de proximité et de la relation humaine serait par nature impossible à
quantifier.
Cependant, nous pensons que les problématiques sociales gagneraient à être étudiées
de manière plus approfondie avec une approche quantitative. Les mathématiques
apparaissent alors comme incontournables pour formaliser et éventuellement modéliser
certaines dimensions des problèmes sociaux. Ces méthodes peuvent être utilisées pour
identifier les populations les plus touchées et la manière dont les facteurs interagissent.
Conception et évaluation des interventions
La pratique de l’évaluation est désormais au cœur de notre champ d’intervention.
Cependant, elle se borne trop souvent à la mesure (parfois approximative) de la
réalisation d’objectifs formalisés dans des plans (politiques publiques locales, projets
d’établissements ou de service…). L’apparition des mesures d’impact social a ouvert les
perspectives en termes de méthodologie de mesure des effets des actions menées. En
effet, il s’agit désormais d’aller au-delà des objectifs fixés de manière initiale et de
comprendre l’ensemble des effets produits par les actions des intervenants sociaux. Par
ailleurs, les principaux acteurs du social (institutions publiques, associations…) sont de
plus en plus dans l’attente d’outils d’aide au pilotage et à la prise de décision.
Les mathématiques peuvent être utilisées pour modéliser l’impact de différentes
interventions sociales. Cela peut aider les chercheurs à concevoir des interventions
susceptibles d’être plus efficientes. Par exemple, la Banque mondiale utilise un modèle
mathématique pour évaluer l’impact de différents programmes de réduction de la
pauvreté ; ou encore, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)
utilise un modèle mathématique pour suivre les progrès des pays dans la réalisation des
objectifs de développement durable (ODD)… Nous souhaitons faire émerger de
nouvelles formes d’interaction entre ces modèles existants ou à créer, et l’ensemble des
acteurs du champ de l’intervention sociale.
L’usage de l’IA dans les interventions sociales
L’IA peut être utilisée pour automatiser la collecte et l’organisation des données, ce qui
peut libérer des ressources humaines pour se concentrer sur d’autres tâches. Cela peut
être particulièrement utile dans les contextes d’intervention sociale, où les données sont
souvent cloisonnées et difficiles d’accès. Nous pensons que l’IA peut renforcer le travail
de l’intervenant social sans pour autant le remplacer. L’IA peut être utilisée pour :
Identifier et cibler les populations ayant besoin d’interventions.
Concevoir et évaluer les interventions sociales.
Par exemple en simulant l’impact de différentes interventions sociales.
Personnaliser les interventions sociales en fonction des besoins des bénéficiaires.
Dans l’ensemble, l’IA a le potentiel de rendre la recherche sur les interventions sociales
plus efficiente mais aussi plus équitable. En automatisant bon nombre des tâches liées
à la recherche sur les interventions sociales, l’IA peut libérer les chercheurs et les
acteurs de l’intervention sociale pour se concentrer sur des travaux plus créatifs et
innovants. Par exemple, à Los Angeles, l’IA est utilisée pour optimiser les campagnes de
sensibilisation à la prévention du VIH parmi les jeunes sans-abri. De même, en Australie,
l’IA est utilisée pour évaluer l’efficacité des programmes sociaux.
Cependant, nous aurons besoin des mathématiques pour simuler les effets des
interventions sociales, aider les intervenants à prendre la meilleure décision, par
exemple aider les acteurs à identifier l’intervention la plus appropriée pour sa cible, et
aider les politiques publiques à développer des meilleures stratégies et allouer de
manière efficace les ressources existantes. En outre, utiliser l’IA nous mènera
potentiellement à améliorer notre compréhension des problèmes sociaux. Ainsi, les
usages de l’IA pourraient nous permettre d’articuler compréhension des mécanismes
des problématiques et les effets de l’expérimentation par l’intervention humaine.
Nice : 22 & 23 Février 2024. Contact : Nahla Dhib (HETIS – LARIIS – Université de Nice), Julien Scheepers (CERSO – HETIS – LARIIS)
Bruxelles : fin juin 2024. Goéric Timmermans (ASBL Convivial Planet)